Argentine
2020 93 mins
V.O. espagnole
Sous-titres : anglais
Marcos (Carlos Portaluppi) est un infirmier de garde aux soins palliatifs d’un hôpital. Tous les jours, lors de sa pause, il mange en paix des petits pois crus de la même couleur que son uniforme émeraude, et vit aux bips (in)constants des moniteurs de fréquence cardiaque. Marcos aime sa petite routine. Tous les jours la même boîte de conserve, tous les jours à nettoyer ses patients alités, tous les jours à tenter d’attraper l’un d’entre eux qui se cache pour fumer une dernière cigarette. Quelle différence ça peut faire pour lui à ce stade-là? La différence est une petite goutte, une dose injectée par son aide-soignant. Aux portes de la vie et de la mort, Marcos est le gardien autodésigné. L'euthanasie est sa pratique préférée. Nouvel infirmier fraîchement arrivé au bloc, Gabriel (Ignacio Rogers) menace de dévoiler le secret de cette routine mortelle; il est pourtant peut-être lui même porteur d’un motif encore plus sinistre.
Le réalisateur Martin Kraut signe avec LA DOSIS un premier long métrage très subtil. Il peint avec maîtrise une histoire de tons verts et bleus, froids, mais étrangement rassurants. Quoiqu’il n’y ait rien de blanc ou noir ici, tout baigne dans une zone grise troublante. La question de la mort assistée, ou plutôt forcée, n’est pas tant l’accent ici. Ce thriller psychologique argentin n’est pas un conte moralisateur non plus. Il dépeint plutôt une bataille entre un duo complexe de personnages et leurs démons internes, quelque part entre le ENEMY de Denis Villeneuve et le GONE GIRL de David Fincher, quoique plus réaliste, insaisissable et avec une touche d’érotisme queer. Dans le monde d’aujourd’hui où la santé mondiale est menacée, LA DOSIS est un mystère philosophique d'aliénation et de méfiance pour ceux qui nous surveillent d’un peu trop près. - Celia Pouzet