Brésil
1964 84 mins
V.O. portugaise
Sous-titres : anglais
Le réalisateur José Mojica Marins et sa création, l’emblématique Coffin Joe (une traduction libre de Zé do Caixão) sont inextricablement liés par un héritage de plusieurs films — incluant la trilogie officielle Coffin Joe —, de bandes dessinées et d’émissions de télé. Le réalisateur avait décidé de jouer lui-même le personnage après que l’acteur qui devait le faire se soit dégonflé seulement quelques jours avant le premier tournage. Aujourd’hui, il serait à peu près impossible d’imaginer quelqu’un d’autre en tant que Coffin Joe, ce personnage dont le réalisateur avait eu l’inspiration dans un rêve.
Engageant tout l’argent qu’il avait et aussi avec l’aide des économies de son père, Marins a d’abord acquis son propre studio, une synagogue abandonnée, et s’est mis à la tâche de réaliser le tout premier film d’horreur brésilien. Sa vision était réellement unique, avec une attitude de défi nietzschéenne, l’approche provocatrice du « théâtre de la cruauté » d’Artaud, avec le surréalisme de Buñuel, le sang et le carnage du théâtre du Grand-Guignol, les ombres de l’expressionnisme, et les flagellations du grotesque gothique, en plus de quelques saveurs superstitieuses locales.
Et c’est ainsi que Coffin Joe, icône culturelle, affirmation de contre-culture et prince sadique de l’horreur carnavalesque, est né. Le premier épisode voit Marins prendre le rôle de ce fossoyeur athée avec un penchant pour la violence sauvage, qui souhaite peupler le monde de personnes comme lui, alors qu’il considère que l’humanité est une espèce impure, imparfaite et inférieure. Le film se distingue par sa propension à vouloir faire vomir de dégoût tout en étant fabuleusement philosophique, se voulant une riposte à l’oppression politique et religieuse dans la culture brésilienne de l’époque, et ce même si Marins n’a jamais été un réalisateur ouvertement politisé dans le sens conventionnel du terme. — Traduction : François Lefebvre