The Prophet and the Space Aliens

Après la projection, joignez-vous à nous à 6:30pm pour un Q&A en direct avec le réalisateur Yoav Shamir et la productrice Tanya Aizikovich

« Fais attention à ce que tu dis, tout est enregistré », dit-il avec un ton malicieux et un accent français à couper au couteau, au creux de l’oreille d’une jeune femme gloussant de rire. La caméra le suit, cet homme âgé de quelque 70 années à l’air innocent, et nous nous retrouvons alors inclus dans le petit cercle privé des compagnons excentriques de Raël. Oui, ce Raël, le seul l’unique Raël, le très controversé leader de secte Raël. Tout de blanc vêtu, il est assis sur un rocher et nous honore d’une méditation magistrale. Il chante pour l’amour, pour la paix, pour « Elohim ». Il skype avec ses adeptes en Afrique et tente de financer une clinique de reconstruction clitoridienne. Que pourrait donc gâcher ce tableau?

Le documentariste israélien Yoav Shamir (DEFAMATION, CHECKPOINT) se penche sur le sujet de l'endoctrinement avec grande finesse. WILD WILD COUNTRY, HELL HOUSE, WACO ou GOING CLEAR étaient tous des documentaires sur des sectes, pourtant aucun à part Shamir ne pose les questions : « Mais qu’est qu’un prophète? Que se passerait-il si un tel être existait vraiment??» THE PROPHET AND THE SPACE ALIENS est un documentaire au ton juste et honnête, allégé de tout sensationnalisme. Détrompez-vous, un regard aimable n’est pas nécessairement naïf. La caméra de Shamir est adroite et vive. Raël lui était inconnu au départ, et son aventure à ses côtés est celle de la découverte de soi. En ces temps inquiétants, aux arrière-goûts d’apocalypse, où certains ressentent le besoin de se raccrocher à n’importe quoi, à n’importe qui, la foi est un concept à regarder de plus près et avec grande attention. Shamir médite ici sur l’essence même de « religion », pendant le que l’autoproclamé « seul prophète sur terre » joue à la pétanque, danse sur la plage et parle aux extra-terrestres. - Celia Pouzet